Cardiologue et homme du cœur, Claude Corman conjugue les talents de peintre, de médecin, d’écrivain, et de penseur politique, dans la lignée de certaines figures du passé européen.
Dans son roman tout récemment paru « Les Frères de Kichinev », Claude Corman présente une fresque sur les cinq années qui séparent la formation du Bund jusqu’à son retrait de la social-démocratie russe, en 1903, après le massacre de Kichinev, en Bessarabie. Outre qu’on peut y découvrir des liens à l’histoire familiale de l’auteur, c’est à partir de ces évènements, tragiques et décisifs du 20ème siècle, que Claude Corman a réalisé ces « Peintures politiques » qu’il accompagne de textes.
Traversée par les grands courants de la peinture pour se métaboliser sous une forme singulière, la sienne propre, la peinture de Corman nous fait forcément y associer d’autres temps troublés et tragiques. Comment ne pas songer aux dangers, aux déchirements consécutifs à d’autres violences, aux traversées et aux exils du peuple juif et d’autres aux quatre points cardinaux.
Pour la revue que nous avons fondée ensemble en 2005, l’écho est criant, avec les fanatismes, les exils, la nécessité, mais aussi les multiples formes d’espérances et d’adaptation du Peuple juif pour la perpétuation d’une alliance et la possibilité d’une descendance. Outre la fidélité, quelque chose s’y grave en chacun. Car la trace demeure et se transforme en des suites diverses, qui sont autant de formes de survivance, dans des combinatoires aléatoires, telle celle que nous avons appelée « marranité », mouvement pendulaire des interstices, des conjonctions, des ambivalences, des conflits dans l’identité et du spectre dans les positions intermédiaires.
Positions, qui dans leur diversité témoignent cependant d’une motion commune : la tentative de vie de l’humanité dans l’épreuve venant d’une part même de cette humanité.
P.P.