La division traditionnelle des sexes est mise en cause et même décriée depuis les gender studies, et notamment depuis la parution du fameux livre de Judith Butler, « Trouble dans le genre » qui montrait à quel point les images socioculturelles exerçaient impact et pouvoir sur nos représentations et nos conduites.
Alors que la différence anatomique apparait évidente, la question de la différence des sexes à d’autres niveaux (comportementaux, sociaux, langagiers, psychiques, pulsionnels…) est ravivée.
En particulier, les conduites intermédiaires entre féminin et masculin (les trans-genres sexuels, les drag-queens, les hermaphrodites, les androgynes…) nous interpellent, créent un saisissement en nous, voire nous déroutent, en ce sens qu’elles posent ou renouvellent la question que se pose chaque humain : « qu’est-ce qu’une femme ? » « qu’est-ce qu’un homme ? ».
La distinction-séparation entre masculin et féminin n’est-elle pas indispensable et surtout nécessaire pour nous « en tant qu’êtres de langage » pour « maintenir sa propre fonction à se comprendre suffisamment pour rester en fonction » autant que pour penser?
D’autant plus que le concept de sexe recèle en son étymologie-même la notion de coupure/ de section.
Et si nous accédons volontiers à l’importante mise en question des gender studies, qu’en est-il ? Celles-ci ont bien ouvert un champ de réflexion radicale, en particulier au plan socio-culturel.
A questionner aussi les dépôts du genre dans la langue, pour peu que l’on songe au principe linguistique fondateur que « les mots n’oublient pas leur trajet ».
L’article de Paule Pérez dans cette même revue, temps-marranes, paru au n° 5 (9 janvier 2009) m’avait interpellée, rencontrant régulièrement des femmes et des hommes avec des troubles singuliers dont les questions identitaires, et aussi de genre, apparaissent en filigrane.
J’ai donc souhaité creuser la thématique avec elle.
Nous discuterons donc ici la distinction comme « principe séparateur pour penser » ainsi que les questions que soulèvent le genre et sa différenciation, de la petite enfance à l’âge adulte, dans le langage comme dans la Genèse, texte fondateur.
Oriane Bentata-Wiener
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