par Paule Pérez
Dans le Judaïsme, l’initiation et l’initialisation précoces via la lecture et l’interprétation du Texte fondateur dans la cérémonie de la Bar-Mitzva ou Bat-Mitzva, ont renforcé, au fil des siècles, la notion de l’Alliance avec Dieu, autant que l’inscription de la personne dans le champ social et collectif.
« Bar-Mitzva » au masculin ou « Bat-Mitzva » au féminin : le terme signifie littéralement « fils – ou fille » – de la mitzva, des Commandements ou de l’action bonne.
On appelle aussi « majorité religieuse » cette cérémonie à la Synagogue, qui est un rite de passage à l’âge de douze-treize ans, devant l’Assemblée humaine réunie, famille et tout-venant des fidèles habitués d’un lieu de culte. Il est vrai que par le passé, les jeunes gens de treize ans pouvaient avoir des responsabilités familiales, certains ont même pu être de vrais soutiens de famille.
C’est la première pose des téfilines, petits cubes comportant du texte liés à des lanières de cuir sur la tête et le bras gauche, qui scellent alliance, lien et allégeance à Dieu. On dit que selon les courants, les jeunes filles peuvent en être dispensées. Les téfilines sont posés à la fois sur le « siège de la pensée », la tête, dirigés vers le cœur, comme lieu des sentiments, et posés sur le symbole de l’action concrète (le bras). Représentant ainsi trois fonctions humaines fondamentales.
Le, ou la, jeune «monte au sefer tora» (au Livre), pour lire une partie de la paracha (péricope ou section de la Tora) de la semaine, et pour la commenter, comme les adultes. L’usage est parfois légèrement différent pour les filles, selon les associations d’appartenance, plus ou moins libérales. Le texte nommé drasha qu’il ou elle présente n’est pas un récitatif, mais un commentaire, une interprétation, une sorte d’appropriation, une intériorisation du texte : un « exposé » qui les expose.
Certes leur rabbin les guide au début, mais ils doivent poursuivre par eux-mêmes leur parcours.
Ainsi comme les adultes le ou la jeune entre à part entière dans l’Assemblée.
Le (ou la) jeune prend donc désormais part à la communauté et il (ou elle) devient adulte au regard du Judaïsme, autour de ses treize ans, un peu avant pour les filles.
En-dehors des considérations proprement religieuses, on a le droit de penser que cette tradition peut constituer un socle et un vecteur précoces pour les générations montantes. Par commodité cette cérémonie a longtemps été appelée « communion », de sorte que l’ensemble des concitoyens y entendent un rite de passage.
Nous avons été impressionnés par le degré de profondeur et d’analyse des textes de bar-mitzvot qui nous ont été adressés. Certes, ces jeunes ont été accompagnés par leurs rabbins, mais il est clair cependant que leurs textes portent leur singularité et leur originalité propres.
Nous présentons donc à nos lecteurs dans ce numéro TM39, les drashas : de Léo Benchetrit : « Béréchit » ; de Emmanuel L. : « Noa’h » ; et de Dina L. : « Tsav ».
On y constate bien en effet, que loin d’être envisagée comme une froide contrainte, la Loi peut se vivre dans l’inspiration et n’exclut pas la grâce.
P.P.