Huile sur toile – 210 x 285 cm – 2017
On voit une falaise rongée par une mer noire, une mer qui dissout toute forme, toute vie dans ses entrailles opaques. Et au dessus de la falaise, jouant sur la ligne de crête, des hommes dansent et jouent de la musique. La joyeuse sarabande marche de bon cœur vers le précipice, ignorant la mort et la décomposition qui se rapprochent. Malcom Lowry disait que l’on marchait sur des volcans, qu’à tout moment, de la terre que l’on croyait ferme, pouvaient jaillir la lave ou les nuées ardentes qui allaient nous anéantir. Tous les humains marchent au bord du précipice, mais notre temps est passé maître dans l’art de l’illusion et de la méconnaissance. On a beau lancer des alertes sur le climat, les désastres des mégapoles, la jobardise de l’économie livrée à elle-même, une sorte d’aveugle confiance dans le génie humain nous fouette et nous fait aller de l’avant. La monture peut rechigner, le fouet est vif et cinglant. Il fait taire les récalcitrants. Ce n’est plus Sisyphe qui incarne l’absurdité de la condition humaine, l’harassant travail voué à la perte et à l’inutilité, qu’il nous faut reprendre chaque jour. C’est plutôt le selfie de l’humanité contemporaine qui se regarde dans ses mille écrans et affiche sa rupture avec l’ancien monde naturel et tragique…La danse au dessus de l’abîme est son ultime provocation ou son dernier aveuglement …
C.C.