Du marranisme à la marranité :  une page tournée

Une marranité contemporaine 
Perpignan le 16 octobre 2010 : 
les actes du colloque

par Claude Corman

L’idée d’une marranité contemporaine est dans une large mesure paradoxale, tant on identifie la figure marrane avec celle du juif caché ou du nouveau chrétien suspect d’hérésie judaïsante dans le Moyen Age hispanique. Et on se demande aussitôt, alors que nous vivons au contraire une époque de la reconnaissance, de l’accès à la visibilité et à la dignité de toutes les minorités (avec quelques notables exceptions que l’actualité a mises en lumière), ce que l’on va chercher dans un modèle aussi fondamentalement marqué par le secret et la dissimulation. Néanmoins, en tentant de réfléchir à une forme d’identité à la fois ouverte et préoccupée, une identité qui ne soit ni polémique ni vidée de singularité, l’identité marrane, avec toutes ses variations historiques, s’est imposée à nous. Mais elle ne s’est pas imposée à nous sans avoir subi des torsions, des évolutions, des mutations. Et c’est un peu la généalogie du concept de marranité que je vais ici, très brièvement, vous exposer.

Paule Pérez m’a suggéré d’évoquer le passage du marranisme à la marranité, sous l’angle d’une page qui se tourne ou d’une page tournée.

Dans le langage commun, tourner une page équivaut à se débarrasser d’un passé trop lourd et encombrant afin de saisir une chance nouvelle et de s’éveiller à d’autres possibles. C’est un peu le contraire du ressentiment ou du ressassement. Dans l’affaire qui nous préoccupe, les choses s’avèrent un peu plus compliquées. Car, en passant du marranisme à la marranité, on ne fait pas que changer un isme par un té, on change en vérité de paradigme, d’atmosphère, de makif, diraient les cabalistes.

 

Mais d’abord et au fond, qu’est-ce que c’est le marranisme ???

Et bien, c’est d’abord un mode de défense, une réaction forcée par la pression de conversion qui s’exerce de manière de plus en plus violente sur les Juifs du Royaume ibérique tout au long des xive et xve siècles. Avant que le Juif caché ne se révèle tel ou ne demeure tel par intention, le marrane est façonné par le rejet et la peur.

Ce n’est pas un souhait, une inclination, un penchant de l’âme pour les choses obscures ou ambiguës, ce n’est pas non plus le résultat de calculs savants émanant de personnalités rusées et opportunistes ou une fascination pour les doctrines hérétiques qui mène au crypto-judaïsme, non, avant tout, le marranisme est le produit d’une atmosphère de persécution croissante des nouveaux chrétiens, c’est-à-dire pour la plupart des juifs convertis de force au christianisme. C’est une réaction à la pression de conversion !!! Et une réaction en chaîne… En schématisant à peine, on peut dire que le processus de conversion des Juifs espagnols[1]fabrique de bons chrétiensdans les années 1300, des nouveaux-chrétiens dans les années 1400 (avec l’apparition de l’Inquisition et les statuts de la pureté de sang) et presque toujours des chrétiens suspects de marranisme à partir des années 1500 (période inaugurée par le baptême en masse des Juifs espagnols et portugais dans le royaume lusitanien, en 1497, sous Manuel Ier).

Autrement dit le marranisme croît, prospère, si l’on peut dire, avec les conditions d’hostilité manifestées par la société ibérique du Moyen Age tardif aux juifs convertis soupçonnés d’hérésie : plus l’Inquisition multiplie ses enquêtes dans le milieu converso, et plus un marranisme réactionnel se développe. Ce qui va donc se jouer secondairement et qui va faire éclore certains traits originaux de la figure marrane est d’abord et avant tout laconséquence d’une hostilité, d’un soupçon systématique élevé à la hauteur d’une règle commune. Quoique converti, le juif est un être de mauvaise race, de mauvaise foi ! Le marranisme pousse sur les bûchers de l’Inquisition, il est initialement inséparable du Saint-Office, il forme avec ce dernier un couple terrible !

Si certains rabbins d’Afrique du Nord ont cru déceler dans le marranisme les germes futurs d’un nihilisme religieux, il faut bien dire que ce n’est pas du côté spirituel[2] (cela viendra plus tard) que penche alors le marranisme mais bien de celui de la survie, du sauve-qui-peut la vie. C’est vrai et Cecil Roth le note avec une pointe de dénigrement : les marranes espagnols n’ont pas péri pour la Sanctification du Nom comme leurs coreligionnaires rhénans, lors des croisades, mais ils n’étaient pas pour autant et par nature préparés à une vie religieuse schizophrénique, dualiste ou nulle, comme ce dernier le suggère.

Le marrane judéo-ibérique du temps de l’Inquisition est un être traqué qui, afin de survivre, doit forcément développer la ruse et le sens de l’esquive, mais qui, en raison même de la traque, ne peut conserver une forme intègre ou substantielle de tradition juive. Le judaïsme religieux marrane se résume à la pratique de quelques jeûnes rituels et singulièrement ceux de Pourim et de Kippur ou à l’invocation de la Loi de Moïse, le vrai pasteur. Cet appauvrissement cultuel et rituel conduisit les rabbins émigrés en Afrique du Nord à critiquer dans des termes parfois très durs le milieu marrane. Simplement, persévérer ainsi dans l’être juif, dans une période où l’œil mauvais de l’Inquisition rode partout et où les crématoires artisanaux des autodafés emportent les cendres des marranes convaincus d’hérésie, ne peut évidemment pas se faire à visage découvert.

En résumé, avec le marranisme, se déploie un pan de l’histoire de la communauté juive séfarade, principalement, primordialement lié aux conditions de la persécution et à l’atmosphère de suspicion qui saisissent la société chrétienne ibérique dans le Moyen Age tardif. C’est ce phénomène qu’ont abondamment traité les historiens comme Benzon Netanyahu, Isaac Revah, Cecil Roth, Yossef Hayim Yerushalmi et Nathan Wachtel entre autres. Le marranisme espagnol et portugais du xve au xviie siècle est donc un phénomène historique axé, on l’a maintes fois répété pour ne plus y insister, sur une culture du secret et de la dissimulation. Mais il s’agit avant tout d’une culture réactive, induite par l’hostilité religieuse et le soupçon racial. Ce n’est pas encore une contre-culture.

De cette époque, de ces brasiers de chair humaine, de ces accoutrements grotesques que l’on enfilait aux accusés[3], de cette atmosphère empoisonnée par le fanatisme religieux catholique, a émergé la figure marrane historique, celle qui selon nous se distinguait par quatre caractères originaux : la double perte des religions naturelles et d’emprunt[4], l’expérience contrainte du secret d’appartenance et du déclassement, enfin la recherche de la méconnaissabilité comme antidote aux politiques policières du Saint-Office !

Donc, quatre caractères dont le mélange en proportions variées va créer le proto-marranisme, mais qui sont, il faut insister là-dessus, quatre éléments d’adaptation, quatre éléments profondément réactifs et historiquement induits.

On peut évidemment, selon le point de vue adopté, regarder différemment ce proto-marranisme.

Du côté de la monarchie espagnole et du Saint-Office, la figure marrane est nécessairement trouble, duplice, hérétique et maladive. On tient les marranes pour des faussaires spirituels ou des agents doubles confessionnels, ce qui légitime en retour la plus extrême vigilance du principal service d’espionnage de l’époque : les tribunaux de l’Inquisition.

C’est du reste à partir de ce rameau que va se développer ultérieurement l’image du marrane maudit, du proscrit radical, du paria, du déclassé ou de l’inclassable, image qui frappera bien plus tard Hannah Arendt ou Kafka[5]. Et c’est à partir de ce rameau crépusculaire et maudit que l’on peut parler d’un post-marranisme ou d’une postérité marrane.

Mais il existe à nos yeux un autre rameau qui tire sa source et sa vitalité de l’évolution politico-spirituelle de l’Europe et du monde ottoman. Et c’est ce rameau qui va pas à pas constituer ce que nous nommons la marranité et se différencier du post-marranisme, encore assujetti à l’ombre de l’Inquisition, à l’opiniâtreté de la traque, à la constance de l’inimitié.

En effet, les quatre éléments défensifs du marranisme mutent quand l’organon spirituel et politique de l’Europe s’ouvre ! (Ouverture qui n’est sans doute elle-même pas étrangère à l’influence souterraine du milieu marrane.) La marranité est ainsi liée à la persévérance, mais aussi à la mutation de ces quatre caractères dans une société qui ne place plus le soupçon religieux au cœur de son organon politique et ne développe plus par conséquent le climat inquiétant de la persécution et de la traque.

C’est ce qui se passe dans la Hollande libérale du xviie siècle ou dans les provinces « byzantines » de l’empire ottoman. Soit que le schisme chrétien du protestantisme ait favorisé la relativité des croyances, soit que les musulmans de la Sublime Porte aient trouvé dans les émigrés séfarades des gens instruits et utiles, organisés en réseaux de parentèle cosmopolite, quelque chose a changé radicalement.

Et, de fait, la figure historique du marrane, figure maudite, interdite, vivant en permanence sous l’œil de l’Inquisiteur, s’est ouverte, si l’on peut dire. Et l’architecture du marrane en a été bouleversée, transfigurée.

Du double éloignement des identités religieuses juive et chrétienne, on passe à l’exploration humaniste de l’intériorité humaine (Montaigne), à la critique philosophique et historique de la Bible (Spinoza), voire à des conduites hérétiques, anomiques, mystiques qui ébranlent le sol ferme des religions (Sabatai Tsevi).

La mémoire du secret enrichit l’intimité, celle du déclassement va porter nombre de marranes vers les idées modernes de justice sociale[6].

Enfin, l’expérience cruciale de la méconnaissabilité restera inscrite comme une expérience fondatrice de l’être marrane moderne.

Surgit ainsi un spectre marrane extrêmement complexe et varié, quand les conditions de la persécution s’effacent devant des conditions historiques qui permettent à nouveau une certaine mise en lumière. Ces quatre éléments génériques transfigurés vont peu à peu se combiner et s’articuler, pour forger ce que nous nommons la contre-culture marrane : le renversement de l’injure, la spectralité, l’économie personnelle de la contrariété, la voie d’un monothéisme irréligieux, tout cela va constituer la fonction d’ondes de l’identité marrane.

Et, alors que la politique de reconnaissance des identités se met en place dans la modernité et ne cessera plus de s’étendre au point de devenir de nos jours une politique d’exhibition bien souvent sélective et exclusive, ce que l’on nomme le communautarisme, la méconnaissance marrane stimule uneculture de la perplexité, de la contrariété, afin de conserver à l’identité un caractère ouvrant.

On peut naturellement rejeter un tel choix, y déceler, comme le fait Perrine Simon Nahum à propos du néo-marranisme d’Edgar Morin, le risque d’une impuissance, d’une ambiguïté pathologique incapable de fertiliser la pensée complexe et contradictoire dont elle imagine être le principe dynamique.

A l’autre bord, on peut préférer le terme de judéo-gentil à celui de marrane, trop pétri de références historiques, voire celui de juif non-Juif[7]. Toutefois, s’il s’agit de problématiques voisines, elles sont distinctes de ce que nous nommons la marranité.

Tout d’abord parce que la figure du juif-non Juif s’enchâsse trop durement, trop inflexiblement dans une définition négative ou aporétique qui est d’ordre polémique et que celle du judéo-gentil suppose une hybridation réussie, un alliage fécond et universel. Ce qui ne va pas de soi. Mais surtout parce qu’au fond, tout cela renvoie une fois de plus à un débatinterne au judéo-marranisme, à tout ce qui peut se nommer néo ou post-marranisme, alors que, répétons-le, le concept de marranité cherche à être un concept ouvrant et ouvert à d’autres types d’identités et de cultures.

Et c’est ce pas franchi, ce saut dans une nouvelle histoire qui s’offre à d’autres hommes et femmes traversés par des attaches, des textes, des appartenances qu’ils ne peuvent plus vivre en plénitude ou en suffisance, sans pour autant pouvoir s’en débarrasser comme des reliques ou des poids qui fait réellement tourner une page !

Mais alors, qu’est-ce qui a permis une telle mutation, qu’est-ce qui s’est dévoilé dans ce passage du marranisme à la marranité, que nous commentons comme une page tournée ? J’aimerais pouvoir dire que le point de passage est la peur et que la peur n’est plus à l’ordre du jour, mais comment affirmer une telle chose ? Ne reste-t-il plus rien de l’ancienne peur marrane ? Et au fond, qu’est-ce que c’est la peur marrane ?

A parcourir les interrogatoires et les rapports de l’Inquisition, on est frappés par leur style obsessionnel, maniaque, bureaucratique, un style qui n’est pas sans annoncer la mise en forme contemporaine des enquêtes de traçabilité, des fichages, des index statistiques, un style volontiers froid et comme étranger à son objet.

Mais c’est aussi à ce prix, au prix du caractère monodimensionnel de sa tâche et de la monotonie sidérante de ses méthodes, que l’objectif de la peur est atteint, que la pédagogie de la peur peut saisir une société entière. Car la peur augmente quand croît parallèlement l’asymétrie entre le doute, l’incertitude personnelle, la fragmentation politique, sentimentale et éthique d’un individu et la puissance fusionnelle d’une parole simple, presque sommaire, mais à laquelle la majorité des sujets d’une époque se conforme ou se résigne.

Or, l’une des objections les plus fréquemment entendues à propos de la marranité est bien de laisser l’individu se débattre dans sa perplexité, ses contrariétés, une forme de spectralité identitaire qui apparaît à beaucoup floue et inconsistante. Ce n’est pas une situation confortable, et même, dans une certaine mesure, c’est une situation anxiogène. On se retrouve en porte-à-faux avec les membres de sa propre communauté ou du moins avec le groupe humain qui porte plus qu’aucun autre votre mémoire, vos paroles, vos histoires, vos références, votre imaginaire symbolique. Ce lien marrane, secret et tendu ne fait donc pas de vous un affilié, un disciple ou simplement un « membre » naturel du groupe. Et cela ne vous donne pas davantage d’autorité ou d’aura pour parler aux autres groupes humains d’une voix ferme et compréhensible. Car la langue commune de l’humanité ou du moins une langue communément partageable fait toujours défaut (le « Marché mondialisé » n’est pas une langue). Alors c’est vrai, le marrane qui s’est mis en chemin vers les autres ne peut qu’espérer ou faire le pari que les autres ont fait de même, que leurs attaches sont et restent ouvrantes, en dépit de tous les chagrins politiques, qui sont légion !…

Et, en ce sens, la peur demeure. On ne tourne jamais complètement une page !  C. C.

 

[1] On peut ici citer Pablo de Santa Maria, évêque de Burgos, rabbin converti du nom de Salomon Halevy ou Jeronimo de Santa Fe, né Halorki et qui participa à la conférence de Tortosa ou bien encore les ancêtres de Juan de Torquemada, oncle de Tomas, le Grand Inquisiteur, qui se sont convertis au cours des années 1300.

[2] Ou du rejet de la balance premio-castigo (récompense-châtiment).

[3] Avec leurs comiques et ridicules chapeaux de clowns, les carochas et leurs tuniques affublées selon la décision du tribunal de croix de Saint-André ou de diablotins renversés…

[4] Il devient de plus en plus difficile, au cours des années 1400, puis impossible après le décret d’expulsion de 1492, de vivre comme juif dans la péninsule ibérique, mais tout aussi vain de chercher dans la nouvelle foi chrétienne un refuge ou une légitimité. Les statuts raciaux sur la pureté de sang invalident la relative tranquillité qu’octroyait le baptême. Quant aux autodafés et à la pédagogie de la peur que fait régner l’Inquisition, ils ont pour principal effet de détourner les conversos des Evangiles et de la foi en l’amour chrétien.

Au prêtre qui lui tend le crucifix sur le bûcher, Baltasar Lopez soupire : « Mon père, est-ce vraiment le moment de plaisanter ? »

[5] La parabole de la fin du Procès, connue sous le titre « La sentinelle » ou « Devant la Loi », sur laquelle va se forger un dialogue extraordinaire entre le prêtre et Joseph K., peu avant son exécution, s’inscrit dans cette matrice. Une lumière formidable luit derrière la porte, la promesse d’une sublime découverte rayonne vers le dehors, mais l’accès en est interdit au petit homme de la campagne. Une sentinelle en barre le passage, comme du reste devant toutes les portes destinées à d’autres hommes. Et on se souvient qu’à la fin du chapitre, épuisé par les commentaires et les arguments du prêtre, atterré par l’ultime propos du chapelier : « Non, on n’est pas obligé de croire vrai tout ce qu’il dit, il suffit qu’on le tienne pour nécessaire », K. prononce ces mots : « Triste opinion, elle élèverait le mensonge à la hauteur d’une règle du monde. »

[6] On peut ici citer l’histoire méconnue des frères Junius Brutus et Emmanuel Frey : ex-frankistes d’origine polonaise, ils s’enthousiasmèrent pour les idées révolutionnaires françaises et périrent guillotinés dans la même charrette que celle de Danton.

[7] Dans l’écriture de ces sortes variables d’états ou de degrés de judéité, nous exprimons notre point de vue au prisme de la marranité : à savoir que les traits d’union ne sont jamais univoques, ni les lettres capitales. En fait, si le premier couple judéo-gentil est celui choisi par Edgar Morin, le terme de juif-non juif utilisé largement par Daniel Bensaïd, plus problématique et flou, rend compte de sa sensibilité propre. L’orthographe s’en ressent. Bensaïd change en permanence le lieu du trait d’union et fait varier la majuscule et le minuscule dans le même texte. Cela donne par exemple juif non-Juif ou juif-non-juif, etc. Je n’ai donc pas arbitré entre ces diverses manières de penser la négation. En fait cela est, je crois, lié à l’extrême difficulté de définir le juif. Pour Bensaïd, nul doute que la négation introduit simplement la volonté de ne pas s’enclore dans une judéité fermée; cette négation n’a aucun rapport exclusif avec l’ethnicité, la religion, ou l’histoire juives. Il va de soi que nombre de juifs d’Israël ne sont pas des Juifs pieux mais pourtant certains peuvent afficher un nationalisme plus intransigeant que ces derniers. Or, Bensaïd rangerait les uns et les autres dans la deuxième partie de la paire. Alors si l’on veut maintenir la tension propre à l’indétermination du juif ou du Juif, sans vouloir ignorer la signification négative qu’introduit Bensaïd, il faudrait écrire juif non juif sans trait d’union ni majuscule. Mais on voit bien que l’affaire est surhumaine. Car Bensaïd est manifestement traversé par la pensée benjaminienne et les écrits de Scholem sur la kabbale et le messianisme hérétique. Or n’est-ce pas de la pensée Juive? Du coup , je proposerais soit de maintenir les diverses orthographes du couple soit de supprimer les majuscules et les traits d’union!